Regard au Tour...( 1979 à 1982)

Antoine Blondin.
Etoile de la mer, voici la lourde nappe
Et la profonde foule et l'océan d'acier
Et l'émouvante houle aux torses des coursiers,
Peloton resserré, essaim, ultime grappe,
Voici nôtre vendange à la derniére étape.
Et voici nôtre croix sur cette immense plaine:
L'absence des absents, l'équipe dépeuplée,
Voici le long de nous un océan de plaies,
L'emplâtre et la charpie affleurant sous la laine,
Voici l'espoir vaincu et la souffrance vaine.
Fleur de ce fleuve élu entre ses rives blondes,
C'est la gerbe assidue qu'il faut considérer,
Et non le maillot d'or ou le maillot à raies:
La couronne tressée par cette grande ronde
Assemble le dernier et le champion du monde.
Reine des horizons, sur la petite reine
Posez le regard éclair de vôtre illustre tour.
Cette flêche allongée aujourd'hui c'est le Tour,
Cathédrale du sol, vase ardent, coupe pleine.
Voici ce chapelier d'honneur, après la peine.
Mère, dressée là-bas, tendez un même bras
A celui qui se taille un Etat dans l'étape,
Comme celui qu'un sort inéxorable frappe.
Quand ils auront joué leurs derniers personnages,
Quand ils auront posé casquettes et maillots,
Quand ils auront jeté musettes et boyaux,
Quand ils raccrocheront à la fleur de leur âge,
Veuillez vous rappeler leur long pélerinage.
Antoine Blondin.